Les bruines prévues avant Noël ne devraient rien y changer. Il faudrait des averses.
A Langre, point culminant de la région (que nous n’avons pas encore dépassé) l’épaisseur de la glace ferait 10 centimètres.
Autour du bateau, la couche mesure au moins 6 centimètres.
Rituel matinal : faire gîter Basta d’un côté, puis de l’autre, afin de décoller la coque de la glace qui l’a cerné pendant la nuit. Parfois, on tire aussi sur les amarres, en avant, en arrière, mais cette méthode crée des déchirements de la calotte encore plus violents !
Ces bruits de glace contre la coque à l’intérieur du bateau ne laissent pas froid…
Deux fois par jour, mieux vaut casser la croûte à l’aide d’un tube en acier en tapant ferme tout autour du bateau.
Au réveil, il faut aussi balayer la glace accumulée sur le pont pour éviter que les amas verglacent et y fassent patinoire. Pas la peine de tenter de lover les bouts : raids, ils tiennent tout seuls.
Reste à attendre le brise-glace. Il avance vers Chaumont depuis Saint Dizier (à 80 kilomètres), tout doucement, brisant la glace au rythme d’un bief par heure. Le responsable fluvial de la zone a enfin opté pour cette solution, obligé par deux mariniers chargés voulant passer.
Il hésitait. Il y a deux ans, la manœuvre a fait deux morts. A l’époque, il est vrai, le brise-glace du canal n’était qu’une barge tirée par un tracteur roulant sur les chemins de hallage. Le tracteur était tombé à l’eau avec ses deux conducteurs, morts dans la glace… Depuis, la barge qui a été motorisée est autonome. Mais elle avance péniblement, selon le capitaine, joint au téléphone. Il ne compte pas arriver à Chaumont avant la fin de la semaine prochaine, le 26 décembre – le personnel fluvial ne travaillant ni les week-ends, ni les jours fériés.
Basta pourra-t-il alors parcourir les cent kilomètres de canal restant jusqu’à la Saône ?